Le Thon Rouge: Quand va-t-on arrêter le massacre?

L'année 2010 a été celle d'un triste record! Le record de l'écart entre les chiffres des prises de thon rouge en Méditerranée officiellement déclarées et ceux du commerce international!

En effet, selon les Etats pêcheurs, 12 373 tonnes de thon rouge ont été capturées pour une quantité commercialisée de 32 564 tonnes soit un dépassement de 141 % sur le quota ajusté de la CICTA (Commission Internationale pour la Conservation du Thon en Atlantique).

Alors où est le problème?

Tout d'abord, il est tout à fait honorable de vouloir imposer des quotas dans un but de sauvegarde de l'espèce sauf qu'en l'absence de réel contrôle, cela ne reste évidemment que des accords en l'air! D'autre part, pleine de bon sens, la CICTA autorise la pêche du 15 mai au 15 juin (pour l'année 2011 par exemple) soit en pleine période de reproduction! Cela afin qu'il soit plus facile d'attraper de grands groupes de thons puisque c'est la période où ils se rassemblent! On peut quand même se demander si la CICTA est dans une logique de protection ou de commerce...

D'autre part, la CICTA et l'Union Européenne étant incapables de protéger le thon rouge du braconnage, des ONG telles que Greenpeace ou Sea Shepherd mènent des campagnes afin de traquer les braconniers. Leurs opérations ont connu des réussites et plusieurs thons attrapés illégalement ont été relâchés. Malheureusement, cela ne sera pas suffisant pour éviter l'effondrement des stocks de thon rouge! Ce qu'il faut, ce sont de vrais quotas, les plus bas possibles pour le moment (l'idéal étant de rien pêcher pendant plusieurs années...), en espérant que cela suffise à reformer les stocks. Evidemment, on en est loin! Pour reprendre les mots du Prince Albert II de Monaco "Plus qu'un symbole, la préservation du thon rouge est un test de notre capacité à adopter enfin une attitude collectivement responsable." (extrait du message adressé aux participants de la conférence de Doha en Mars 2010).

Pour rappel, la Principauté de Monaco a interdit toute vente de thon rouge sur l'ensemble de son territoire, y compris dans les restaurants proposant des sushis. Monaco avait également lancé une procédure d'inscription du thon rouge à l'annexe 1 de la CITES ( Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction). Cette proposition a été rejetée, le Japon ayant réussi à rallier de nombreux pays à sa cause alors qu'ils sont eux-mêmes peu concernés par le sujet.

En plus de ça, il faut aussi garder en tête qu'un poisson rare, ça devient un poisson cher, et pour certains c'est évidemment plus qu'intéressant! On soupçonne d'ailleurs la compagnie nippone Mitsubishi de faire des stocks de thon rouge congelé en attendant sa disparition, elle pourra alors revendre cette chair à prix d'or! (voir le film sur la surpêche: The End of the Line, un article devrait venir prochainement!) Un appel au boycott des produits de cette compagnie est lancé!

Finalement les choses sont claires, les scientifiques estiment que si la pêche se maintient à ces niveaux actuels, l'espèce a moins de 24% de chances de se reconstituer, comme cela est fixé pour 2022 par les Etats membres de la Commission.  Des solutions existent, elles ont été pensées mais personne n'a le courage de les appliquer!

Face à tout ça, beaucoup de citoyens diront qu'ils ne peuvent rien y faire! C'est faux! Il est déjà très important d'adopter une attitude de consommateur responsable! C'est-à-dire qu'il faut faire attention à ce que l'on mange, de plus en plus de labels sont crées qui certifient que tel ou tel produit de la mer provient d'une pêche durable. Pour ce qui est du thon rouge, la notion de pêche durable n'est toutefois pas envisageable. Dans l'état actuel des choses, il faut tout simplement bannir cette espèce du menu! Certains restaurants, notamment de sushis, continuent d'en proposer, il ne faut pas hésiter à les informer de la situation préoccupante de cette espèce emblématique!

Les sushis pourquoi pas, mais pas au thon rouge!

Ne reproduisons pas la même erreur qu'avec la morue au Canada! En 1992, les stocks se sont effondrés et ne se sont jamais rétablis...