Volontariat en Irlande avec l'AWF - 2ème partie - Le Dingle Wildlife & Seal Sanctuary

Le Dingle Wildlife & Seal Sanctuary a ouvert ses portes au public en juin 2010 et s'occupe toute l'année des animaux blessés dans le Sud-Ouest de l'Irlande. Le sanctuaire est entretenu par une équipe de bénévoles très dévoués! Le site comprend 7 petits enclos pour les soins aux bébés phoques à leur arrivée au centre, 3 grands bassins, des chèvres pygmées, des chouettes du Bengale, de nombreux canards et oies ainsi qu'un étang pour faire du pédalo. Un café et une aire de jeux pour les enfants sont également proposés. Les visites du sanctuaire sont essentielles pour la survie du centre puisque la quasi totalité des fonds qui permettent de soigner les animaux en provient! 

En tant que volontaire pour l'AWF, une de nos missions principales étaient de venir aider au sanctuaire. Bien souvent, cela consistait au nettoyage des enclos des phoques, des chèvres ou encore la zone des canards mais aussi leur nourrissage (excepté pour les phoques qui ne mangent pas encore seuls leur poisson). La préparation des poissons prenait également un temps non négligeable, entre décongélation, insertion de vitamines ou injection de fluide réhydratant! Nous devions également s'occuper des pédalos quand des visiteurs le demandaient. 

Un cadre très agréable...

Molly & Murphy, les chèvres pygmées très espiègles

Comme son nom l'indique, les phoques occupent une place particulière dans ce centre. 
Il existe 2 espèces de phoques en Irlande: le phoque commun (ou veau-marin) et le phoque gris. Les pics de naissance de ces deux espèces diffèrent: les phoques communs mettent bas entre juin et août tandis que les phoques gris voient leurs petits naître de septembre à décembre-janvier. Au mois d'août, je n'ai donc vu que des bébés phoques communs au sanctuaire.

Une question souvent posée par les visiteurs était: pour quelles raisons ces jeunes phoques se retrouvent-ils ici?

Très souvent, ces bébés phoques sont orphelins ou ont été abandonnés par leur mère, dérangée par des activités humaines la plupart du temps. C'est particulièrement vrai lorsque des gens se promènent avec leur chien sur les plages. Il y a d'ailleurs eu plusieurs phoques qui présentaient des morsures un peu partout (Harvey, Georgie). En général, la mère a le temps de fuir mais pas le jeune. Certains jeunes phoques sont parfois retrouvés coincés dans les filets des pêcheurs (Oscar). Les bateaux occasionnent aussi parfois des blessures avec les hélices. D'autres phoques sont abandonnés car ils sont malades, trop faibles, déshydratés, etc. 



A leur arrivée au sanctuaire, les bébés phoques sont placés dans des enclos assez petits qui permettent de les soigner plus facilement. C'est ici qu'ils vont apprendre à manger du poisson sans aide extérieure. Mais avant d'en arriver là, il faut en général plusieurs étapes. Tout d'abord, il faut savoir que dans la nature, les bébés phoques sont nourris par le lait de leur mère pendant les 3 premières semaines. Ce lait est très riche et ne peut être recrée artificiellement. Afin de les nourrir, les volontaires doivent donc les intuber à l'aide un entonnoir et d'un tube en plastic souple comme sur la photo ci-dessous. Pas d'inquiétude! Malgré l'aspect un peu "barbare", ils ont une morphologie qui fait que ça ne les blesse pas, même si cela ne doit pas non plus être agréable, on est d'accord! Cette intubation permet de leur donner un mélange de poissons mixés avec des fluides réhydratants, des vitamines et des médicaments. Ce mélange va ainsi directement dans leur estomac. 


Un jeune bébé phoque nourri par intubation
Une fois que les phoques sont un peu plus âgés et en meilleure santé, il faut à présent leur apprendre à manger du poisson. Leur mère n'ayant pas été là pour leur montrer que le poisson ça se mange, ça n'est pas toujours évident! Il faut donc commencer par les nourrir de manière forcée là encore en ouvrant la gueule et en leur faisant avaler le poisson. Selon les phoques, ils comprennent plus ou moins vite qu'effectivement ça se mange! L'étape suivante est alors de les nourrir à la main pour finir par avoir des phoques qui se nourrissent en mangeant le poisson que l'on aura laissé dans l'eau. 

Le repas est bientôt servi!

Lorsque les phoques mangent le poisson sans aide humaine et qu'ils ont atteint une vingtaine de kilos, ils sont transférés dans des plus grands bassins. Ici ils peuvent vraiment nager et renforcer leurs muscles. L'éloignement des humains permet également de garder leur caractère sauvage. Pour rappel, c'est un centre de réhabilitation, pas un zoo et à ce titre aucun phoque ne reste au sanctuaire. Ils sont relâchés lorsqu'ils pèsent environ 30 kilos après vérification de leur bon état de santé.

Les bassins, dernière étape avant le retour à la vie sauvage

Le sourire du phoque quand il dort :)

Quelques histoires de phoques...

Molly a été amenée au centre alors qu'elle n'avait que quelques jours. Elle était très fatiguée et a passé 3 mois au sanctuaire. C'était véritablement une petite tête de mule et elle a mis beaucoup de temps à accepter de manger du poisson. Elle a longtemps préféré manger dans la main plutôt que dans l'eau. Cette petite miss avait vraiment un sacré caractère! Malgré son très jeune âge quand elle est arrivée, elle est toujours restée assez agressive que cela soit envers nous ou envers les autres phoques. Elle se comportait comme une petite diva mais bon avec une bouille pareille, on lui pardonne! Elle a été relâchée le 28 septembre sur une plage de Donegal en compagnie de Tully. 

Molly

Harvey est un sacré petit bonhomme. Il est arrivé couverts de morsures dont une des plus impressionnantes est visible sur sa joue. Celle-ci a guéri depuis mais une plus grosse morsure sur une de ses nageoires s'est à présent infectée jusqu'à l'os. Il avait pourtant fait de gros progrès et à présent il ne reste plus qu'à espérer que les soins soient efficaces... 

Harvey

Oscar est un jeune rescapé de filets de pêche. Il a été retrouvé empêtré dans les filets avec des hameçons, des blessures un peu partout. L'histoire est plutôt belle car les pêcheurs et les phoques ne sont en général pas vraiment amis et certains pêcheurs peu scrupuleux n'hésitent pas à éliminer ces "concurrents" quand ils le peuvent. Oscar a eu la chance de tomber sur un pêcheur qui lui est venu en aide. Les phoques ont beau être de gros mangeurs de poissons, la vraie cause de la disparition des poissons est la surpêche mais ce n'est pas le sujet ici.
La particularité de ce petit monsieur est qu'il a très vite mangé du poisson, probablement parce qu'il en avait déjà mangé avant de se retrouver dans les filets. Ce qui reste amusant, c'est qu'il n'a jamais mangé les têtes de poissons, faisant à chaque fois un véritable carnage. Peut-être la version phoque de l'enfant qui ne veut pas manger ses légumes?

Oscar a bien grandi depuis et sera relâché d'ici peu. De même que Georgie et Suzy, les deux plus petites phoques présentes quand j'y étais (photo plus bas). J'ai vu une photo de ces trois-là récemment et ce sont maintenant des phoques bien en chair nageant dans les bassins prêts pour le retour à la maison océan! :)

Oscar 
Georgie & Suzy

Les grands bassins sont assez amusants à regarder. Les phoques passent beaucoup de temps dans l'eau mais également sur les rebords à dormir et/ou prendre le soleil (quand il y en a). Y'a pas à dire, la vie de phoque a l'air sacrément difficile! :)

Dur, dur d'être un phoque!

Ils étaient 14 bébés phoques communs quand j'étais volontaire. Depuis la saison des phoques gris a commencé et une grande partie des phoques communs a été relâchée.

Je finirai cet article avec la plus belle des boules de poils! Un bébé loutre orphelin a été amené au centre: Ollie! La réhabilitation d'une loutre prend beaucoup de temps puisque c'est un animal qui reste normalement avec sa mère pendant 1 an (contre quelques semaines pour les phoques). Il a été nourri au biberon et mangeait déjà quelques morceaux de poissons. Depuis que je suis partie, une autre petite femelle a été trouvée, Lulu, et ils sont maintenant tous les deux dans un enclos où ils vont apprendre à vivre comme des loutres. Il était initialement prévu d'envoyer Ollie en Ecosse dans un centre de réhabilitation de loutres. En effet, une loutre seule (ou n'importe quel autre animal) ne peut être réhabilitée puisqu'elle ne voit jamais ses semblables. L'arrivée de Lulu va donc permettre à ces deux-là d'apprendre à vivre en loutre avant d'être relâché dans leur milieu naturel. 

Ollie le bébé loutre

Les journées au sanctuaire pouvaient varier fortement, on pouvait crouler sous les choses à faire comme avoir énormément de temps pour observer tout ce petit monde. Une chose est sûre, c'était un vrai plaisir de les voir évoluer et progresser vers le retour à la vie sauvage! En passant du temps à leurs côtés, on se rend compte à quel point ils ont tous des personnalités différentes et c'est tout simplement fascinant! Bref, cela valait la peine de sentir le poisson tous les soirs pendant 3 semaines! ;)


Pour en savoir plus sur le Dingle Wildlife & Seal Sanctuary, visitez leur site internet: http://www.dinglesanctuary.com/
Vous pouvez également être tenu au courant de tout ce qu'il se passe au sanctuaire en aimant la page Facebook: https://www.facebook.com/dinglesanctuary


Le contexte général de ce volontariat a été expliqué dans un post précédent que vous trouverez sur la page suivante: Volontariat en Irlande avec l'AWF - 1ère partie - Péninsule de Dingle
L'autre activité concernant les sorties en mer et observations se trouvent dans ce post-ci: Volontariat en Irlande - 3ème partie - Marine Eco Tours



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